La solitude du dirigeant d’entreprise

par | Mar 13, 2022 | 0 commentaires

Facteur de stress, la solitude est une des principales difficultés à laquelle se heurtent les dirigeants d’entreprise, notamment de PME.

Bien souvent, ils se retrouvent face à eux-mêmes pour gérer les difficultés du quotidien et prendre des décisions stratégiques.

Des solutions existent pour rompre cet isolement.

 

Gérer votre (une) entreprise au quotidien n’est pas toujours simple. Vous le faite avec vos compétences personnelles, vos apprentissages, votre expérience et surtout tout votre cœur et votre énergie.

La majorité d’entre vous estime d’ailleurs ne pas avoir droit à l’erreur.  Pourtant, vous grandissez de vos erreurs et l’entreprise avec vous.

En plus de devoir être parfait, il ne faut surtout pas montrer quelque signe de faiblesse que ce soit. Cette posture conduit tout naturellement le dirigeant vers encore plus de solitude !

Cerise sur le gâteau, le monde change vite, très vite. Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail n’ont plus ou pas les mêmes aspirations, ils n’ont pas reçu la même éducation.

 

Une étude menée en 2016 par Bpifrance Le Lab, intitulée « Vaincre les solitudes du dirigeant », montre que :

  • 45 % des dirigeants de PME et TPE se sentent isolés et que
  • 74% d’entre-deux ne se sentent pas particulièrement entourés.

 

Et oui, bien souvent on n’a d’yeux que pour le dirigeant performant, celui qui réussit de belles levées de fonds, qui est invité sur les plateaux TV et qui fait les gros titres de la presse économique.

Mais rassurez-vous, lui aussi connait, où tout au moins a connu, les embuches, les nuits blanches, le stress et la solitude…

 
Voici les 6 points qui engendrent cette solitude :
  • Le poids des responsabilités et l’engagement financier et patrimoniale
  • La difficulté à avoir une vision stratégique
  • L’impossibilité de se dégager des tâches quotidiennes
  • La surcharge de travail avec généralement des soucis de trésorerie, de cashflow.
  • Les difficultés à faire de bons recrutements.
  • Le manque de reconnaissance

 

L’étude de Bpi France réalisée en 2016 sur 30.000 dirigeants de PME et de TPE a dans les faits identifié 7 formes de solitudes du dirigeant.

Cette analyse est tellement bien faite, que je vous la partage telle quelle. Voici donc les 7 formes de solitudes :

  • solitude dans la décision,
  • solitude statutaire,
  • relationnelle,
  • professionnelle,
  • situationnelle,
  • existentielle

 

La solitude dans la décision.

Le dirigeant, qui est l’instance-même de décision dans l’entreprise. Il se retrouve souvent seul au moment de transiger. Ainsi, il doit en assumer les responsabilités en cas d’échec. Il engage alors l’avenir de l’entreprise, de sa famille ainsi que le sien.

La solitude statutaire.

Cette dernière force le dirigeant à : maîtriser ses émotions, contrôler ses faits et gestes, masquer ses doutes, adopter un comportement exemplaire ainsi qu’une façade sociale.

La solitude relationnelle.

Très souvent le dirigeant éprouve des difficultés à s’entourer et à mobiliser son entourage.  L’idée de se faire accompagner par un coach ou un mentor, ou de pouvoir tout simplement partager avec des proches ou des amis, lui fait peur.

La solitude professionnelle.

Le dirigeant s’isole dans sa vie professionnelle.  Il n’est plus suffisamment formé et ne maîtrise plus les meilleures pratiques de gestion du marché. Lui, comme l’ensemble de l’organisation, peut souffrir d’un déficit de formation, de connaissances ou d’expertise. L’entreprise est alors non optimisée, moyennement compétitive et moins rentable.

Cette solitude est liée à la fonction. En temps que dirigeant, vous ne pouvez pas dire tout ce qui vous passe par la tête à n’importe qui.

Déjà, car vous ne devez pas stresser vos collaborateurs qui se donnent à fond pour l’entreprise et qui vous aident à la développer. Il s’agit la plupart du temps, par exemple, de trouver un juste équilibre entre prévention du risque et panique à bord.

Difficile également de se confier ou de prendre l’avis sur l’attitude à adopter envers un salarié quand vous parlez à un autre salarié… Et il faut bien se l’avouer, vous pouvez être aussi ouvert que vous le voulez, vous restez le « chef d’entreprise » pour votre collaborateur et on ne l’en blâmera pas.

Au final, que ce soit clients, fournisseurs, salariés voire même vos associés, on ne peut pas discuter de tout avec tout le monde.

La solitude situationnelle ou la solitude dans les épreuves.

La solitude est, par essence, synonyme de stress et elle s’impose à la vie du dirigeant, notamment dans la traversée d’épreuves difficiles. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), la perte d’un gros client, la trahison d’un collaborateur, un redressement judiciaire, etc. sont des épreuves terribles pour le dirigeant seul !

La solitude existentielle.

Elle est systématique et revient à questionner le sens de tout ce que l’on fait, et notamment face à la fatigue, l’ennui, l’usure, la déception. Le dirigeant se demande alors : tous ces sacrifices sont-ils vains ?

C’est classique, on a le sentiment de s’être trompé de chemin, d’avoir tout perdu, d’être prisonnier de son entreprise, d’une existence moins séduisante que prévue. Ce phénomène se nomme le burn-out patronal, est déclenché par un épuisement professionnel, une accumulation d’épreuves et un stress prolongé sur une longue période, et se traduit par une grande fatigue émotionnelle et une attitude parfois agressive.

La solitude collective.

Elle désigne le manque de reconnaissance sociale ressentie par le dirigeant. Celui-ci a l’impression de ne pas exister socialement, de ne pas être compris ni entendu, et d’être l’objet d’une défiance injustifiée de la part des salariés. D’ailleurs, les dirigeants des PME sont proportionnellement moins présents sur la scène publique bien qu’ils représentent la moitié environ de la valeur ajoutée dans bon nombre de pays.

 

Quelles conséquences pour le chef d’entreprise ?

Confronté à l’isolement et à la solitude, le chef d’entreprise peut éprouver des difficultés qui auront des conséquences bien souvent néfastes pour l’entreprise elle-même.

Un dirigeant seul peut avoir des difficultés à :

  • Agir en leader et à prendre des décisions importantes ;
  • Prendre du recul ;
  • Garder une vue claire sur le marché dans lequel l’entreprise évolue ;
  • Rester objectif quant au potentiel de l’entreprise.

 

L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est également affecté, et le chef d’entreprise risque un burn-out. Par ailleurs, le comportement du dirigeant isolé influe aussi sur la motivation de ses équipes.

À terme, cette solitude du dirigeant et toutes les conséquences qui en découlent ont un impact certain sur les résultats de l’entreprise.

Or rien n’est inéluctable, à chaque problème sa solution.

 

Alors que faire, que mettre en place ?